Tout d’abord, je tiens à dire que je ne vais pas raconter toute mon histoire passée, par respect pour les membres de ma famille qui ont fait ce qu’ils pouvaient avec ce qu’ils avaient (leurs cartes) lorsque les événements se sont présentés à eux.
Aujourd’hui, je ne ressens plus de douleurs émotionnelles, je vais bien, je suis libre.
Je suis le créateur de ma réalité. Plus tard, je vous expliquerai comment j’en suis arrivé à un tel mindset.
Je suis née quinze jours après que ma mère a perdu sa sœur, décédée des suites de son accouchement. Elles avaient prévu d’élever leurs filles ensemble, mais ce projet s’effondre brutalement. La disparition de sa sœur plonge ma mère dans un profond traumatisme : son monde s’écroule, elle m’ignore et sombre dans une détresse telle qu’elle envisage de mettre fin à ses jours. Internée en hôpital psychiatrique avec moi, elle ne parvient jamais à surmonter ce deuil.
Face à cette situation, mon père, dépassé par les difficultés, décide de me confier à sa sœur, une jeune étudiante de 25 ans vivant dans un autre pays, et mère de deux enfants. Mon père me rend visite une première fois lorsque j’ai six ans, puis une seconde fois à mes dix ans.
Je suis arrivée en France chez ma tante ( qui est devenue « ma mère »)comme une étrangère tombée de nulle part. Je ne connaissais personne, je ne parlais pas la langue, et je me sentais totalement perdue. Un profond mal-être m’envahissait, une situation bien difficile pour une enfant de 5 ans. Je me suis immédiatement renfermée sur moi-même, sombrant dans le silence, me réfugiant dans mes rêves d’un avenir meilleur.
Ce n’est qu’à l’âge de 27 ans que je revois enfin mon père, lorsque je prends la décision d’aller à leur rencontre. Ma mère, quant à elle, je ne l’avais revue qu’une seule fois, à mes six ans, et je n’avais donc aucun souvenir d’elle.
Comme tu le constate, c’est pas fou. Je n’ai pas reçu les meilleurs cartes à la naissance, mais peu importe, je suis reconnaissante pour ça !
Cartes distribuées à ma naissance par la vie
Le joker :
L’imprévu tragique, le décès de la sœur de ma maman 15 jours avant ma naissance.
Les cartes numériques
Je dirais le 2. Enfance marquée par le rejet, la distance parentale, l’absence d’affection, d’amour.
Les figures
La Dame que j’aurais dû avoir comme un repère (ma maman, brisée par le deuil donc absente de mon jeu)
Le Valet, carte de substitution (la sœur de mon père, ma mère « ça va, tu n’es pas perdu? »)
Le Roi que j’aurais dû avoir comme protecteur (mon père mais également absent de mon jeu (tant pis! je fais avec).
Heureusement j avais l’As, ma résilience intérieur (enfant, j’étais surtout passive donc résignée)
À l’image d’une partie de poker, j’ai stratégiquement continué à rêver d’une vie meilleure pour échapper à ma réalité. Et malgré tout, j’y croyais fermement, m’accrochant à cette vie idéalisée.
Mon poker face est devenu mon masque social, un bouclier qui m’a permis de m’adapter à mon environnement. J’étais en représentation : faire rire, divertir, être la bonne copine. J’incarnais celle que l’on attendait que je sois, cherchant à ne décevoir personne, à être acceptée de tous.
Si tu as un souci, appelle moi, ton problème devient le mien et je ferais tout ce que je peux pour le régler. (une stratégie que je déconseille fortement).
J’ai bluffé en me murant dans le silence, dissimulant mes souffrances pour mieux naviguer dans cette situation difficile.
Puis est venue la prise de risque : à 27 ans, j’ai décidé de retrouver mes parents. Une rencontre bouleversante, émotionnellement éprouvante. Il m’aura fallu vingt années de plus pour oser revenir les voir. Et oui! nouvelles cartes, le jeu continu.